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Changer la donne

Newsletter | 26 novembre 2018
La loi grand âge est annoncée pour 2019, la concertation nationale est lancée et les sujets de travail ne manquent pas, l’objet de la réforme dépassant le seul financement. Mais son spectre est-il assez large pour inclure le domicile ? Vraisemblablement oui, à en juger par les thématiques des 10 groupes de travail. Explicitement ou en filigrane, le domicile est présent dans quasiment tous les débats. En effet, comment imaginer discuter « nouveaux financements », « parcours des personnes âgées », « prévention des aidants », « adaptation des logements », « panier de biens et services », « métiers » ou « offre de demain », pour reprendre les thèmes des principaux ateliers, sans une réflexion approfondie sur l’activité d’aide à domicile ?
Et au fond, rien de plus logique, car les Français vieillissent très majoritairement chez eux : si on ajoute aux 900 000 bénéficiaires d’aide ou de soins à domicile, les près de 600 000 personnes en résidence autonomie ou en résidence services, on mesure que 70% de personnes âgées vivent à domicile et 30% en établissement. L’aide à domicile est donc déjà au cœur des choix de vie des Français et quelque part, des politiques publiques qui rendent cela possible.

Mais, et c’est bien là tout le sujet, il reste un long chemin à parcourir pour structurer, professionnaliser et rendre attractif ce secteur d’activité. Sur l’accessibilité des services déjà, l’APA est versée de façon tellement inégalitaire selon le département et la modalité de tarification, qu’il y a urgence à y mettre fin. Autre impératif, celui de la valorisation de la filière métiers, tant côté EHPAD que domicile, les difficultés de recrutement sont patentes. Ce ne sont certes pas les seuls secteurs en tension, mais la nécessité d’y pourvoir les postes est primordiale étant donné le volume d’emplois correspondant et l’indispensable continuité de services, en particulier dans un contexte de besoins croissants.

Et surtout, c’est à la reconfiguration de l’offre qu’il faudra s’attaquer et à la place de l’aide à domicile au sein de cette nouvelle offre. Une offre qui doit penser ensemble l’aide et l’accompagnement de la personne âgée, en établissement et à domicile, de façon cohérente et complémentaire, au sein de services professionnels, structurés, disposant des meilleures technologies et facilement identifiables en tant qu’entité globale sur chaque territoire.

On mesure ainsi, en évoquant ces quelques principes de base, le gap qui nous sépare de l’offre actuelle, même si les choses évoluent progressivement. La prise de conscience et la volonté sont là, chez les opérateurs comme chez les pouvoirs publics, qui phosphorent actuellement dans les groupes de travail préparatoires à la loi. Une loi qui devra nécessairement poser des actes forts quant à l’organisation et au financement de l’aide à domicile. Après tant de mesures parcellaires, il est grand temps de changer la donne.

Christine JEANDEL
Présidente de COLISÉE