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Qu’attendre du plan Métiers du grand âge ?

Newsletter | 25 octobre 2019

L’ancienne Ministre du travail nommée cet été par l’actuelle Ministre des solidarités et de la santé, va prochainement rendre son rapport sur les « métiers du grand âge ». Le sujet est évidemment central dans le cadre de la préparation de la future loi, il était déjà au cœur des préoccupations de tous les professionnels qui attendent donc avec impatience les conclusions de ce groupe de travail piloté par Myriam El Khomri.

Le focus porte, et cela tombe bien, sur les métiers d’aides-soignants et d’auxiliaires de vie, en établissement comme à domicile. Le groupe projet compte d’ailleurs une professionnelle de chacun de ces deux métiers. En revanche, on regrettera une représentation assez faible du domicile et du secteur commercial. Le rapport devrait lui s’articuler autour des quatre axes annoncés depuis le lancement de la mission.

L’axe 1 est probablement le plus large, il a trait à la fois à l’évolution des compétences en lien avec les besoins, aux organisations de travail correspondantes (avec une inquiétude quant à la taylorisation grandissante des métiers du grand âge) mais également aux nouveaux dispositifs financiers type EDEC (engagement de développement des emplois et des compétences) à contractualiser entre les branches et l’Etat. L’objectif annoncé est bien de faire baisser le coût de la formation, frein important pour l’obtention du diplôme d’aide-soignant et du DEAES. La facilitation de l’entrée en école d’aide-soignant comme cela a été fait pour l’école d’infirmiers est, selon nous, aussi simple qu’indispensable (cf. édito de la newsletter Colisée ce mois-ci). La simplification et l’homogénéisation des conditions d’emplois et de rémunération, notamment via l’harmonisation des conventions collectives, seront en principe également traitées dans cet axe.

L’axe 2 sera centré sur le renforcement de la capacité des employeurs à recruter les professionnels adéquats pour réaliser des prestations de qualité. Le développement de l’apprentissage fera partie des pistes explorées, ainsi que les compétences sur lesquelles évaluer les futurs professionnels. Selon Myriam El Khomri, des qualités telles l’empathie ou l’appétence à accompagner devraient pouvoir rentrer en ligne de compte avant d’orienter des personnes vers ces métiers. La question des rémunérations devrait être abordée ici aussi, même s’il est à craindre que, renvoyant au nerf de la guerre, peu d’engagements formels y soient inscrits en attendant la loi de 2020.

L’axe 3 sera dédié aux questions de QVT, avec on l’espère des propositions novatrices pour lutter contre les accidents du travail, particulièrement élevés dans le secteur : 104 pour 1.000 salariés contre 64 dans le bâtiment, et 35 en moyenne nationale, selon les chiffres cités par Myriam El Khomri lors des dernières assises nationales de l’aide à domicile. C’est donc sur le renforcement de la prévention des risques professionnels que le rapport devrait se positionner, mais aussi sur tout ce qui permet de se sentir mieux au travail, comme les temps collectifs de partage, d’échange et d’analyse des pratiques.

Enfin, l’axe 4 sera a priori plus prospectif et portera sur les innovations, aussi bien sociales que technologiques. Les perspectives de carrière seront également traitées dans cet axe, tout comme les évolutions organisationnelles, par exemple autour de modèles moins taylorisés avec des intervenants plus autonomes, à l’instar du buurtzorg hollandais. Les interrogations porteront aussi sur le développement de la polyvalence et des passerelles d’un métier à l’autre, au sein d’organisations elles-mêmes décloisonnées.

Un rapport qui devrait au final proposer un tour d’horizon assez complet des problématiques métiers, qu’il faudra juger évidemment sur son contenu, en espérant qu’il trouve des traductions légales et opérationnelles à court-terme.